GAFAMs : le poids de la dépendance

7 mars 2018

GAFAMs, encore et toujours…

Le 28 était le dernier jour du mois de février, et si vous êtes passés à côté, c’était aussi la « Fête à Facebook » … précisément  la « Journée mondiale sans Facebook ».

24 heures coupé de son réseau social favori, est-ce bien raisonnable ? Déjà fin 2017, Chamath Palihapitiya, ancien VP du groupe, reconnaissait interdire à ses enfants d’utiliser Facebook tout en déclarant incidemment : « Je pense que nous avons créé des outils qui déchirent le tissu social », et en recommandant de faire « une pause » dans notre usage des médias sociaux.

Mais selon la dernière livraison de l’Année Internet 2017 par  Médiamétrie  les Français de les 15-24 ans n’en ont cure, des recommanadations de ce cher Chamath : ils passent en moyenne chaque jour  1 heure 38 sur le net contre 1 heure 26 pour la télévision…

Et comme le souligne l’institut dans son Année Internet 2017, sur cette heure 38, « 44% sont dédiés aux plateformes sociales » : pas fini de croiser au restaurant ces jeunes couples d’amoureux qui au lieu de se regarder tendrement, consultent leur timeline sans trop lever les yeux de leur Smartphone !

Il y a des seniors se souviendront avec nostalgie de ces années – en fait la fin du précédent millénaire – où les médias – enfin, presse et radio – se gaussaient de ces Français incapables de se parler pendant le diner, préférant suivre le JT vespéral à discuter en famille… D’une addiction à l’autre, rien de si nouveau sous le soleil.

 36% du temps passé online se fait sur les applications des GAFAMs

Alors, les vieux fantasmes refleurissent  :

  • a-t-on créé une nouvelle génération d’addicts incapables de la moindre relation sociale IRL et ne vivant qu’à travers leur écran ? Où voit-on simplement le développement de nouveaux usages qui – comme toujours – véhiculent le meilleur comme le pire ?
  • l’hégémonie de Facebook vit-elle ses derniers jours ? Oui, le temps passé baisse, mais avec 2,13 milliards de membres, et un bond de +47%  du CA en 2017,  il reste un peu de marge.. Et pas tant de place pour les alternatives : le récent feu de paille autour de Vero n’en est qu’une énième illustration,
  • Peut-on contrer les frères ennemis Facebook/ Google ? Les initiatives antitrust sont nombreuses,  plus en tout cas que les offres alternatives développées dans nos contrées (on en parlait – pas très gentiment – dans cet article).

Bref…  On réalise – un peu tard – que la bataille du web a déjà été gagnée, et pour longtemps, par des GAFAMs toutes américaines.

Ils n’avaient pas grand-monde en face d’eux, cela dit. L’Europe et la France qui n’ont pas su prendre le train de l »innovation à la fin des années 1990 en mesurent maintenant le prix à payer  : des audiences captives, donc des marques contraintes d’investir sur des plateformes étrangères au détriment des medias bien de chez nous,  des citoyens majoritairement  peu émus du sort de leurs données personnelles, des états qui s ‘arrachent les cheveux pour limiter la casse, d’abord fiscale…

Mais on ne refait pas l’histoire … Plutôt que garder l’oeil rivé au rétroviseur, mieux vaudrait se préparer sérieusement pour la prochaine bataille qui a déjà commencé et qui bouleversera encore plus profondément nos sociétés  : celle de l’IA, qui ne restera pas longtemps au stade de gadget pour les citoyens….

On ne refait pas l’histoire, mais on peut essayer de ne pas la répéter…

Aller plus loin…

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