ChatGPT est sous le feu médiatique. Et si lui-même produit des erreurs, quelques-uns des humains qui commentent le phénomène ne sont pas en reste.
Essayons donc d’y voir plus clair.
Dans le grand bêtisier des commentaires autour de ChatGPT, accueillons notre propre Ministre chargé de la Transition Numérique, pour lequel l’IA d’OpenAI ne serait qu’un « perroquet numérique » en déclarant fièrement dans son argumentation :
Demandez-lui qui a gagné la dernière Coupe du monde de football et vous ne serez pas déçus, parce qu’il vous répondra la France.
et en ignorant ou omettant qu’il est clairement établi par OpenAI que la base d’apprentissage de ChatGPT s’arrête à 2021… Ça pose quelques questions sur ce qui reste de capacité d’innovation numérique publique de l’auto-proclamée Start-up Nation… On dit ça, on ne dit rien 😉
Mais ce n’est pas notre sujet : face à cet outil d’IA, le plus important, c’est de comprendre ce qu’il est, ce qu’il n’est pas et en quoi lui, ses IAs concurrentes et les géants du digital qui les implémentent déjà dans leurs propres solutions vont potentiellement bouleverser.
Alors, allons-y !
L’adoption la plus rapide
Lancé en Novenbre 2022, ChatGPT a rapidement attiré des millions d’utilisateurs.Combien au juste ? Selon une analyse UBS relayée par Reuters, ChatGPT a déjà séduit plus de 100 millions d’utilisateurs actifs en janvier, soit 2 mois seulement après son lancement.
Des chiffres impressionnants qui ont de quoi faire pâlir d’envie les applications grand public comme TikTok ou Instagram, qui ont mis respectivement 9 mois et 2,5 ans pour atteindre le cap des 100 millions d’utilisateurs en un mois.
Un véritable exploit pour ChatGPT qui connaît la croissance la plus rapide d’une base d’utilisateurs réguliers de l’Histoire… et qui culmine en Février 2023 à 154 millions d’utilisateurs
Ce qu’il n’est pas
Il n’est pas un moteur de recherche
ChatGPT permet de répondre aux questions avec une pertinence au moins plutôt bonne…. si tant est que l’on formule sa, ou plutôt ses questions, appelées « prompts » avec suffisamment de précision contextuelle.
Car, oui : on est bien dans une conversation. Et c’est un peu comme avec les humains : la qualité de la réponse dépend de la question posée…
Voilà ce que conseille ChatGPT himself :
Un exemple de prompt à tester (adaptez les valeurs entre crochets par rapport à votre contexte) :
Propose-moi un plan de contenu pour un article de [Nombre de mots] qui a pour titre : [« Titre de l’article »]. Il s’agit d’un article qui a pour but de [objectifs de l’article] les [public cible]. Il doit leur permettre de [bénéfices de l’article]. L’article aura un CTA à la fin, qui proposera aux lecteurs de [objectif du CTA]. Le plan doit au moins contenir [nombre de chapitres et sous-chapitres], dans lesquels tu détailles les points clés à développer et le nombre de mots à accorder à chacun. Le ton doit être [type de ton] : on s’adresse à des [donner quelques détails sur le public cible].
Bref, quand un moteur de recherche vous fournit une liste de résultats sélectionnés en fonction de leurs scores SEO, ChatGPT sera capable de raffiner ses réponses en fonction de ce que vous lui demanderez au sein d’une même conversation, et donc dans un contexte sur lequel vous pouvez jouer.
Il n’est pas… intelligent
Ce qui rend ChatGPT si spécial, c’est sans doute, sa capacité d’interaction avec les utilisateurs, dans un contexte de conversation.. Après tout, c’est un chatbot…
Mais s’il maitrise toutes les subtilités du langage naturel pour fournir des réponses structurées et détaillées à partir de sa gigantesque base de connaissance , ce qui est déjà un exploit en soi, il n’est capable ni d’en vérifier la véracité, ni de réfléchir indépendamment.
Sam Altman, fondateur d’Open AI, a dû lui-même calmer le jeu, minimisant dans un tweet les performances de sa propre technologie.
ChatGPT est incroyablement limité, mais suffisamment bon pour certaines choses et ainsi créer une impression trompeuse de grandeur. C’est une erreur de s’y fier pour quoi que ce soit d’important en ce moment. C’est un aperçu du progrès ; nous avons beaucoup de travail à faire sur la robustesse et la véracité. Pour une inspiration créative amusante : super ! Recours à des questions factuelles : pas une si bonne idée. Nous allons travailler dur pour nous améliorer ! »
C’est assez clair, sans doute, que cette première version publique est juste un « apercu du progrès ». On attend les prochaines itérations de l’outil pour voir à quel point elles seront capables de changer la donne…
Ce qu’il est déjà
Il est déjà un écosystème
La version publique et gratuite de ChatGPT comporte des limites.
La première, on l’a vu, est que sa base d’apprentissage est limitée à 2021. La deuxième est qu’il n’est pas connecté au web, et donc incapable d’élargir sa base de connaissances en temps réel. Ca changera, à coup sûr.
Mais en quelques semaines, l’arrivée de ChatGPT a fait naître un écosystème incroyablement dynamique de solutions vouées à dépasser les limites actuelles de l’outil.
Extensions pour Google Chrome, plateformes de production de contenus connectées à ChatGPT ou d’autres AIs génératives, communautés de développeurs éclosent, et ce n’est probablement que le début d’une petite ruée vers l’or…
Une ruée vers l’or qui dépendra des évolutions à venir de l’IA et de celle de son modèle économique. Car, oui, ChatGPT existe déja dans une version payante qui permet d’échapper aux fréquentes surcapacités de ses serveurs.
Il est déjà un assistant de productivité
Avec les bons « prompts », et les bonnes extensions, ChatGPT est capable de produire des contenus très qualitatifs, qui constituent une solide base de travail pour les professionnels.
Génération d’articles ou d’annonces, optimisation SEO, génération d’images, création de tutoriels video, intégration à Excel et Google Sheet (et bientôt) Powerpoint, programmation, chatbots pour les services client : les applications sont déjà légion.
Alors, l’IA va-t-elle être un voleur de jobs ?
La question plane évidemment. Mais si elle en a le potentiel, elle est aussi une puissante opportunité pour les professionnels qui sauront l’utiliser, en la couplant à des solutions d’automatisation comme Zapier, Make ou Notion. Et c’est déjà spécialement vrai pour de nombreux aspects du marketing.
Mais ce n’est pas tant les services rendus par l’IA aux humains qui risquent de changer la donne.
C’est plutôt son impact potentiel sur une économie numérique verrouillée jusque-là par Google… On en parle ici.
Si vous voulez en savoir plus sur les meilleurs moyens d’utiliser les applications IA, et pourquoi pas, créer votre IA dédiée : parlons-en.