Une caricature qui circulait sur la toile il y a quelques années montrait trois types en train de rigoler comme des fous, avec pour légende : « Ingénieurs de chez Ikea imaginant la tête du client découvrant leur nouveau système de montage ».
Le géant suédois semble avoir retenu la leçon puisqu’il vient de racheter la plate-forme de partage de services TaskRabbit qui permet de trouver près de chez soi un bricoleur amateur pour repeindre un mur ou monter … un meuble Ikea par exemple.
Les marques peinent parfois à s’adapter à l’économie collaborative.
AccorHotels, après avoir subi de plein fouet la montée en puissance d’un Airbnb dont la valorisation dépasse la sienne, a racheté en 2016 onefinestay, le Airbnb du luxe, et propose désormais son offre en parallèle de ses Sofitel.
Inversement Monsieur Bricolage a lancé il y a deux ans ladepanne, premier site de location et vente d’outils entre particuliers, et dont les membres reçoivent pour chaque action effectuée, des points convertibles en chèques cadeaux utilisables dans les magasins et sur le site Web de l’enseigne.
Dans le premier cas, il s’agissait pour le géant de l’hôtellerie de raccrocher les wagons à un train qu’il n’avait pas vraiment vu partir ; dans le second, de trouver via l’économie collaborative, un moyen de se démarquer des leaders du marché, Leroy Merlin et Castorama.
Pour Ikea, il s’agit avant tout de pallier un manque : tous ses clients ne sont pas des as du marteau et du tournevis ; et s’il est logique de proposer l’installation dans le cas d’équipements lourds comme une cuisine, le déplacement d’un ouvrier spécialisé ne s’impose pas vraiment pour fixer une étagère au mur.
Autre différence, là où AccorHotels achetait un leader sur un segment très pointu et Monsieur Bricolage créait de toute pièce une plateforme où il jouait un rôle moteur en finançant indirectement les échanges via des chèques cadeaux, Ikea acquiert une startup présente seulement aux Etats Unis et à Londres, dont elle accompagnera le développement international.
Reste à savoir comment s’effectuera l’intégration au sein du géant suédois : si dans les nouveaux pays, TaskRabbit apparait plus comme un service apporté par le distributeur que comme une réelle plateforme ouverte à tous, sans doute cela contribuera-t-il à améliorer l’image servicielle de ce dernier, mais au détriment de l’approche collaborative de la startup.
Dans bien des domaines, notamment technologiques, la rachat d’une jeune pousse prometteuse par un géant se traduit généralement par l’étouffement de celle-ci : an cause notamment, les modes de gestions des grands groupes, incompatibles avec la créativité des startups : qu’en sera-t-il dans le domaine des services ?