Début des années 2000 : quelques marques se risquent à annoncer sur Internet – à l’époque, on n’avait guère le choix qu’entre display et display ! Risques très minimes sur un média aux coûts dérisoires et qui pèse alors moins de le cinéma.
Discours surréalistes entre des directeurs médias quinquagénaires qui veulent bien tenter l’expérience mais non sans garde-fous : GRP, coûts au 1000, distributions de contacts, etc. Et des spécialistes du Web à peine trentenaires qui leur expliquent que ce qui compte, c’est de développer des stratégies Win-Win où il faut savoir « donner quelque-chose » pour que les internautes acceptent de « donner » de leur temps.
Premiers conflits générationnels …
D’années en années, mêmes incompréhensions : entre des techniciens du Web 2.0 qui expliquent que tout se passe dans la générosité et des directeurs marketing qui parlent ROI ; entre des pros des réseaux sociaux, etc.
Aujourd’hui pourtant, tout le monde s’accorde à reconnaître que les médias sociaux sont devenus incontournables : d’ailleurs tout directeur marketing qui se respecte surfe sur Facebook, twitte à l’occasion – et bien sûr soigne son profil sur Linkedin.
Sauf que les jeunes se retrouvent désormais sur Snapchat … et que nos marketers quadra ne comprennent pas vraiment ce que leur proposent ces post ados (= comprendre : leurs conseils médias) à peine dégrossis qui parlent de médias où eux n’ont jamais mis les pieds – et où ils ne mettront jamais les pieds !
La fracture culturelle se creuse inexorablement entre des managers qui semblent chaque jour perdre un peu plus leurs repères d’un côté – mais qui demeurent décisionnaires et gardiens des budgets ; et des tacticiens de plus en plus jeunes, parfaitement en phase avec les nouvelles générations – mais qui parlent un autre langage …
Le problème est en fait double.
Celui d’une époque où tout va de plus en plus vite : c’est un des challenges de notre époque, celui qui se laisse, ne serait-ce qu’un instant, dépasser est perdu : il se retrouve comme ces nageurs qui se sont imprudemment laissés emporter loin du rivage et qui luttent désespérément pour revenir.
Celui d’un modèle sociétal qui s’est brutalement renversé à la fin des années 90 et le développement des nouvelles technologies : avant, les jeunes profitaient de l’expérience de leurs ainés, apprenaient à réfléchir et travailler selon des patterns ancestraux ; désormais, ce sont les jeunes qui, parce qu’ils maîtrisent mieux et plus rapidement le digital, ouvrent – ou devraient ouvrir – la voie aux plus anciens.
Difficile à accepter à 40 ou 50 ans que l’on ne détient plus la vérité, que son savoir faire est périmé, que ce sont des « gamins » de 20 à 30 ans qui possèdent les clefs de demain – enfin non, les clefs d’aujourd’hui : car cette Gen Y devra à son tout très bientôt affronter la Gen Z, qui elle-même …
Insoluble ? Certainement pas ! Simplement la transformation digitale se double d’une révolution culturelle – elle n’est pas seulement technique, elle est aussi sociétale ; il faut apprendre à accepter que la terre ne tourne plus tout à fait comme avant et que les modèles d’hier sont bel et bien révolus.
Toutes les grandes entreprises de dotent aujourd’hui de CDO – Chiefs Digital Officers, pour les non initiés ; sauf qu’au lieu de les recruter sur leurs seuls compétences techniques, elle devraient également se pencher sur leur profil « culturel » et leur capacité à accepter qu’ils ne détiennent pas TOUTE la vérité.
Sauf que pour beaucoup, management est synonyme de pouvoir et que dans les grands groupes, le pouvoir, ça ne se partage pas.
Enfin, le moins possible …