Reconnaissance faciale : souriez et merci pour les données

18 septembre 2017

L’annonce a fait grand bruit dans le petit Landerneau des geeks : L’iPhone X serait équipé « du système révolutionnaire Face ID pour déverrouiller son écran (et payer) grâce à la reconnaissance faciale », comme s’enthousiasme le Journal du Net.

Bien évidemment, Apple n’est pas le seul à plancher sur le sujet – mais une annonce signée de la firme à la pomme reste avant tout … une annonce signée de la firme à la pomme, donc une petite révolution.

Pourtant dès 2008, Toshiba proposait déjà de débloquer ses PC avec un système semblable ; plus récemment, en 2015, le constructeur japonais présentait une caisse enregistreuse – évidemment il s’agit ici de distribution physique, ce qui peut paraître bien ringard … – dotée de deux caméras et capable d’identifier le client, d’évaluer le contenu d’un charriot et de réaliser la transaction en quelques secondes : souriez, c’est payé !

Comme il y a toujours des empêcheurs de tourner en rond, le sénateur américain Al Franken a donné un mois à Tim Cook pour s’expliquer sur la provenance et l’usage des données ainsi recueillies ; nul doute que la CNIL et Bruxelles vont aussi vouloir lui poser quelques questions.

Mais il n’y aura certainement pas que les autorités américaines et européennes pour s’interroger sur ces nouveaux flux de données : pas sûr que Monsieur Tout-le-Monde apprécie que les géants du Net collecte encore un peu plus de données sensibles à leur sujet.

Avec la reconnaissance faciale, on passe d’une identification active – je rentre un code, éventuellement sécurisé par envoi d’un SMS dans le cas d’un paiement en ligne, je pose mon doigt sur un lecteur d’empreintes digitales – à une identification passive : si mon Smartphone me reconnait, n’importe quelle caméra peut en faire autant.

Plus besoin de Bluetooth pour vous reconnaitre quand vous vous promenez dans une galerie marchande et vous envoyer les messages promotionnels adaptés ; et plus possible pour vous non plus de vous balader incognito.

On cauchemarde sur 1984 … et l’on se retrouve dans Minority Report – sans le moindre échappatoire, contrairement au film de Spielberg où Tom Cruise dérobe un œil sur un cadavre … Glauque, mais possible ; changez de figure semble un peu plus complexe.

Tout cela ne va certainement pas dans le sens de meilleurs rapports entre géants du High Tech, distributeurs et marques d’un côté, et consommateurs de l’autre ; des consommateurs qui savent que « leurs » données paient les services qu’ils utilisent gratuitement, et conservent l’illusion d’une certaine maîtrise des flux : j’efface parfois mes cookies, j’utilise un bloqueur de publicité, etc.

Le fantôme de Big Brother nous poursuit décidément … et qui des Gafas, des marques ou des états sera le premier à en faire une réalité appliquée ? Relisons Orwell, Asimov et Philip K. Dick : ils n’ont jamais été aussi actuels.

Aller plus loin…

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