Uber est fait partie du club très fermé des marques devenues – directement ou par dérivation – des noms communs : l’ubérisation désigne une forme de dérive de l’économie de plateforme tout comme Frigidaire est devenu synonyme de réfrigérateur et Caddie, charriot de supermarché – dans ce dernier cas, soyez vigilant, ce fabricant étant prompt à envoyer du courrier recommandé.
Pourtant, il y a pire qu’Uber … même si on ne l’imagine pas aisément : il y a … Amazon et son « Mechanical Turk » !
Késako ? « Une plateforme web de crowdsourcing qui vise à faire effectuer par des humains, contre rémunération, des tâches plus ou moins complexes », nous renseigne Wikipédia ; jusque-là, rien d’immoral sauf que ces jobs extrêmement parcellaires sont payés de manière ridicule.
Selon la Cartographie des tendances 2017 de Cap Digital, « ½ million de personnes dans le monde sont employées par Amazon en tant que travailleur du clic pour un salaire minimum de … 0,01$ » : pas de quoi faire des folies.
Si vous voulez gagner peu en vous massacrant les vieux devant votre ordinateur, vous pouvez aussi aller sur getpaid.social où l’on vous paiera pour par exemple … aller poster des « Likes » sur des pages Facebook ou partager une publication ; avec le compte gratuit, vous avez droit à 10 tâches par jour à raison payées entre 0,03 et 0,80 centimes l’une.
Si vous voulez gagner plus, il vous faut d’abord payer une dizaine de $ par mois, assez longs à rentabiliser !
Aux USA, où de nombreux travailleurs cumulent 2 jobs pour s’en sortir, ça fonctionne : en passant des heures rivées devant leur écran, de nombreuses mères améliorent l’ordinaire de leurs enfants … enfin, un tout petit peu.
L’économie de plateforme qui se construit, ce ne sera ni la panacée, ni non plus l’horreur ultime : juste une autre société avec de nouvelles hiérarchies sociales. Au sommet, de super freelances ou des consultants au Personal Branding bien établi, finalement assez semblables aux « cadres sup » des Trente Glorieuses.
Au bas de l’échelle, des cumulards de petits jobs mal payés : chauffeurs Uber à certaines heures, Turcs à d’autres.
Et entre les deux, toute une économie à reconstruire, sur de nouvelles bases.