Growth Hacking : certainement un des buzz words de l’année – et même de ces années. Un terme qui tout à la fois séduit et effraie les marketers.
Qu’entend-on par Growth Hacking ? La recherche d’une croissance rapide par tous les moyens possibles : on tente un truc, ça ne marche pas, on jette, on tente un autre truc, ça ne marche pas, on jette, on tente … jusqu’à ce que ça marche – ou que la startup disparaisse après avoir épuisé tous les investisseurs potentiels.
Le Growth Hacking constitue la condition sine qua non de survie de bon nombres de jeunes pousses, surtout sur les marchés où n’importe qui peut aisément copier une bonne idée : car il ne convient pas d’avoir le 1er la meilleure idée, cela ne suffit pas : il faut absolument être le 1er à atteindre la taille critique qui fermera les portes derrière soi.
Uber et Airbnb en savent quelque-chose : ils n’arrivèrent pas en tête sur leurs marchés respectifs, mais un croissance effrénée leur a permis de les verrouiller : aujourd’hui toutes les plateformes de VTC alternatives, même celles fondées par des chauffeurs, ne parviennent pas à décoller significativement.
Le Growth Hacking fait peur, surtout quand on se réfère au leader en la matière, à savoir Uber justement qui ne s’encombre pas trop de ce qui peut toucher à la responsabilité sociale des entreprise : les chauffeurs ne sont qu’un pis-aller avant l’avènement de la voiture autonome.
Le Growth Hacking fait peur aussi – voire surtout – parce que les grandes entreprises en sont totalement incapables : cette technique de développement ne peut fonctionner qu’au sein de sociétés extrêmement agiles, qui ne s’encombrent pas de circuits de décisions un tantinet un peu longuets.
En fait, les startups adeptes du Growth Hacking auront testé X scénarios quand leurs grandes sœurs auront à peine achevé de discuter du bien-fondé du premier – et je ne parle même pas de sa mise en œuvre.
Le Growth Hacking constitue bien un de ces nombreux mythes contemporains parce qu’il illustre parfaitement les difficultés liées à la transition numérique : là où les entreprises d’hier peinent à se mettre en ordre de marche – et la multiplication des CDO ne contribue pas à simplifier le problème –, les nouveaux entrants squattent jour après jour les meilleures places.
Le Growth Hacking, c’est aussi les TUNA (Tesla, Uber, Netflix, Airbnb) qui détrônent les GAFA, comme ces derniers ont tué les Yahoo et autres AOL : le symbole que la faillite rode toujours au coin de la rue, fut-elle numérique.